"ÉDUCATION ET NUMÉRIQUE "
Quelques textes écrits spécialement pour cette espace et puis d'autres rédigés pour les CEMÉA (ils sont alors le résultat d'un travail d'équipe)
"Et aujourd'hui"
Extrait du dernier "IMPULSION", le journal des CEMÉA, cet article retrace l'historique du groupe numérique des CEMÉA.
Le numérique s'impose à nous jusqu'en 2015, la réflexion autour du numérique aux CEMÉA n'existe qu'autour du parc informatique de l'équipe permanente, dans une recherche d'adéquation entre nos valeurs et le choix éthique de nos outils de travail. C'est déjà une attention importante, qui n'est pas souvent réfléchie dans le monde associatif, mais elle va aussi induire, petit à petit, l'intention de collectiviser la réflexion sur le numérique.
L’arrivée dans nos espaces de formation de smartphones, de tablettes connectées, du « laptop » (ordinateur portable), d’organisation de groupes communiquant via les réseaux sociaux… va conscientiser chez nos équipes l’importance de se saisir de la question du numérique dans nos actions. Que ce soit dans les formations Petite enfance, École ou Formation à l’animation, le numérique devient, à partir de 2010, « LE » sujet à gérer sur le terrain ! Accepte-t-on en formation qu’un-e participant-e prenne des notes sur une tablette ? Est-ce que cela ne va pas l’extraire du groupe et de « l’ici-et-maintenant ? » Autorise-t-on les participant-e-s à prendre des photos des fiches de jeux ou de chants, plutôt que de les recopier comme on le faisait avant ? Mais comment est-ce qu’on s’assure qu’il n’y aura pas de photos indésirables du groupe, des personnes, de l’équipe, qui seront prises et diffusées ? Quel cadre mettons-nous en place pour garantir la confidentialité de ce qui est vécu en formation, au regard de la facilité avec laquelle le monde extérieur pénètre notre « bulle » via les smartphones ? À la même époque, parallèlement à nos questionnements autour de l’usage des outils connectés en formation, nous interrogeons aussi nos choix de communication vers le grand public. Par exemple, faut-il que les CEMÉA aient une page Facebook ? La question est débattue durant de nombreux mois au sein de l’équipe permanente. Certain-e-s craignent de vendre notre âme au diable, d’autres estiment qu’il faut « en passer par là » si on veut continuer à toucher les jeunes, à rester dans le coup… En août 2018, quelques volontaires et permanent-e-s par- ticipent comme chaque année aux Rencontres de l’Éducation Nouvelle (REN) qu’organisent nos camarades des CEMÉA français. Plusieurs Belges sont ainsi inscrit-e-s à un atelier coordonné par la toute nouvelle « mission numérique libre » des CEMÉA France. Ils et elles en reviennent enthousiasmé-e-s par les contenus découverts et persuadé-e-s que ne pas parler de numérique en éducation, c’est risquer, dans un avenir proche, de se couper de tout un pan de réflexions pédagogiques essentielles. Le numérique devient le sujet qui s’immisce dans toutes les autres grandes questions d’éducation. La liberté numérique ne vient pas, comme l’affirme Richard Stallman/1, supplanter toutes les autres libertés, mais elle les conditionne toutes. Comment avoir le droit à la liberté d’expression, dans un monde où notre communication numérique est cadenassée par le pouvoir ? Peut-on avoir encore un respect de la vie privée dans un monde où nos outils numériques en sont les espions ? En septembre de cette même année 2018, un groupe se constitue aux CEMÉA belges pour réfléchir le numérique dans notre mouvement. Ses premières tâches consistent en un travail d’appropriation des réflexions, des écrits, des outils de formation, en plus de la découverte d’un réseau autour de la question du numérique en éducation. Mais, aux réflexions éthiques doivent nécessairement s’ajouter des connaissances techniques. Or, il existe aux CEMÉA un espace dédié à de nouvelles réflexions, à de nouvelles perspectives : la Fabrique d’Idées. Il s’agit d’un week-end annuel de rencontre entre militant-e-s autour d’un sujet de société. La première impulsion du nouveau groupe « Numérique » passe donc par une Fabrique d’Idées en février 2019, organisée avec le soutien de la mission numérique des CEMÉA France. Un groupe de volontaires et de permanent-e-s vivent un week-end riche en questionnements, en informations un peu flippantes, en découvertes d’un monde où le terme « données privées » ne veut plus dire grand-chose. Quelques mois plus tard, en août 2019, les REN s’invitent à Wépion : les CEMÉA belges accueillent, en effet, leurs camarades français-es pendant une semaine à la Marlagne ! Parmi tous les ateliers proposés, il y en a un consacré au numérique, mené conjointement par une équipe de formation composée par les CEMÉA français, italiens, belges, ainsi qu’un membre de Framasoft/2. La Fabrique d’Idées et les REN vont ainsi être sources de nombreuses infos et prises de conscience, mais vont aussi fournir l’occasion d’expérimenter des activités et démarches de formation, qui vont peu à peu fonder les bases du groupe Numérique actuel. Les « bonnes résolutions » de la nouvelle année 2020 nous poussent à mettre le groupe Numérique officiellement et publiquement en place, avec la parution de la première « lettre d’infos numérique » devenue depuis « A l’ère libre - la lettre d’infos »/3. Des ateliers, appelés « Aprembidouille », s’organisent au sein de l’équipe permanente et permettent à celles et ceux qui le souhaitent de venir « bidouiller » leur ordinateur, pour en découvrir les fonctionnalités dégagées des licences propriétaires. Un nouvel outil de partage de documents et de ressources est également mis en place pour l’équipe : Nextcloud fait rapidement ses preuves… et deviendra un outil essentiel dans les mois de confinement qui vont suivre ! En mars 2020, le groupe Numérique s’invite au Festival du Film d’Éducation SOIF D’IDÉAL, avec les films, « Citizen four » (documentaire sur la vie d’Edward Snowden/4) et « La bataille du libre » de Philippe Borrel, projeté le 13 mars 2020. Le lendemain, interdiction est faite aux lieux culturels de rester ouverts et, trois jours plus tard, toute la Belgique est confinée. La pandémie de coronavirus va jouer un rôle non négligeable dans le développement de notre groupe. Du jour au lendemain, tout devient anxiogène… hormis ce qui se numérise ! Télétravail, apéros Zoom, livraisons du resto du vendredi soir, shopping sur le net : un virus transforme nos vies en quelques semaines ! Dans l’équipe des CEMÉA aussi, la modification des fonctionnements est sensible. Il se trouve que nous accueillons, pile à ce moment- là, trois nouvelles personnes dans notre équipe permanente, dont Sarah qui va s’occuper de la mission numérique ! Dans notre association, le mot « accueil » est important et nous y mettons beaucoup d’énergie, que cela soit en début de formation, en accueil des enfants en plaine et en séjour de vacances.. ou dans nos bureaux. Là, nous avons juste le temps d’apercevoir nos nouvelles collègues, de donner à qui en a besoin un ordinateur portable, avant que toute l’équipe se retrouve cloîtrée chacun-e chez soi, forcée d’inventer de nouvelles formes de travail et de mise en relation aux CEMÉA. Avec le premier confinement, ce qui se dessine bien vite pour la mission numérique, c’est la nécessité de la production d’écrits sur ce que nous vivons, avec les « À l’ère libre : la lettre d’infos »/5 et surtout, un travail au quotidien pour accompagner l’équipe dans ce passage forcé au tout distanciel. Les « Aprembidouilles » deviennent hebdomadaires et nous passons beaucoup de temps à expérimenter des alternatives éthiques et fonctionnelles aux GAFAM/6, comme MATRIX- ELEMENT pour une messagerie