Une belle rentrée

Une belle rentrée

Lundi, 26 Août 2024

26 août 2024

Aujourd'hui rentrée des classes et cela a plutôt démarré au quart de tour, surtout pour notre nouvelle ministre de l'Éducation. Valérie Glatiny récemment nommée au ministère de l'Éducation, nous a gratifié d'une petite phrase très adroite (ou à droite au choix). Quand Thomas Gadisseux l'interroge dans Matin Première sur la RTBF sur les remous que suscite déjà la déclaration gouvernementale dans les rangs des enseignant-e-s, sans aucun complexe la voilà associant les mots grève et vacances dans une même phrase parlant des enseignant-e-s ."Personne ne comprendrait que des professeurs partent en grève en rentrant de vacances". Il est heureux qu'elle venait de parler de la pénurie des enseignant-e-s et que sa priorité était de garder les jeunes enseignant-e-s dans le métier. C'est mal parti. C'est en entretenant ce type de poncifs sur le métier d'enseignant-e-s que l'on pousse effectivement certain-e-s à aller voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs et ce ... "même sans les grèves et les congés".

Après 25 ans d'enseignement comme instituteur, j'ai quitté le monde de l'école pour rejoindre celui du non-marchand il y a huit ans. J'y ai perdu les 350€ mensuels de mon statut 501, suis passé à 20 jours de congé annuel et n'ai plus fait grève, je travaille parfois le week-end ou à des horaires indus vu les besoins de mon association... et pourtant je ne retournerais pas demain dans l'enseignement même si une place m'était proposée.

Il est temps de résoudre la pénurie, Madame la ministre, effectivement, mais cela ne se fera pas sans s'attaquer à la source de celle-ci. Depuis les grèves des années 90, le monde politique et les médias n'ont fait qu'entretenir une image négative des professions de l'éducation, en les décrivant non plus comme "les plus beaux métiers du monde", en ne parlant plus de la noblesse de la tâche, mais en voguant sans cesse entre dérision des acteur-trice-s de l'éducation et reportages sur la tâche de plus en plus complexe d'enseigner... comme s'il ne s'agissait pas des mêmes personnes.

Depuis cinq ans, je ne pense pas avoir entendu, dans la bouche de notre ministre de l'Éducation, une phrase aussi dénigrante pour la profession.

Une belle rentrée !

Photo d'illustation de Kimberly Farmer sur Unsplash

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